La brume s’évapore sous les premiers rayons du soleil, laissant apparaître les contreforts des massifs montagneux, immuables et majestueux. Ils offrent au regard la splendeur de leurs sommets où scintillent des traces de neiges éternelles. Le bleu infini du ciel épouse les vertes vallées. Les torrents cascadent avec de frais murmures. Au loin, sonnent les cloches d’une église.
Je m'en retourne sur les chemins de mon enfance, en proie à la mélancolie. Mes pensées vont vers les êtres que j'aimais et qui ont disparu. Le rire perlé de la petite bergère lorsque je bondissais d'un taillis, pour lui faire peur, résonne encore à mes oreilles. Un troupeau de moutons rentre au bercail. Mais ce doit être son fils qui ramène les bêtes. Où sont Mariette et Ludivine, mes confidentes, auxquelles je vouais un attachement profond, à tel point que les villageois nous croyaient fiancés ? Que sont devenus les gars de la montagne, ceux qui partaient en expédition vers les pics inaccessibles ? Leur retour n'était pas toujours victorieux. Combien d'entre eux sont emmurés dans la glace, intacts, leurs yeux éblouis par la blancheur de leur linceul ? Le paysage prend des allures funèbres.
Bientôt le crépuscule étendra son voile de satin. Le chemin est boueux et mes bottes s'y enfoncent. Une bonne odeur de pain chaud mêlée à celle du foin et des herbes sauvages monte jusqu'à moi. Dans la vallée, les lumières s'allument une à une. Je pousse la lourde porte cochère. Si ma mère apparaissait à l'entrée de la cuisine, je n'en serais pas surpris. Lorsque j'étais enfant, elle m'ouvrait ses bras et je restais un instant blotti contre elle. A présent, l'herbe pousse entre les pavés disjoints, le toit est prêt à s'écrouler, les murs sont lézardés.
Le silence règne, un silence profond, seulement troublé par les assauts du vent, emportant avec lui les bribes de mes souvenirs.
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