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ABIMES

Ce soir-là, je me sentais guillerette. Grimpant les escaliers quatre à quatre, je cherchai, au fond du sac fourre-tout, mon trousseau de clés. J’étais sortie tôt de l’institut privé où j’enseignais la psychologie à des jeunes gens plein d’avenir. J’avais envie de flâner, profitant encore du soleil embrasant le ciel.   En fin de journée, je m’attelais à des tâches prosaïques. Aujourd’hui, le repassage n’attendait plus que moi. Je pensais déjà au thé brûlant que je dégusterai en silence. Le voyant rouge du fer à repasser me fixerait, imperturbable et incitatif.  Dès mon entrée dans l’appartement, je sentis que quelque chose n’allait pas. Une odeur indéfinissable m’emplit les narines, une odeur pesante, évoquant l’absence, une odeur qui me serra la gorge sans aucune raison apparente. Je parcourus les pièces en posant mes affaires ici et là. Le malaise persistait. L’angoisse s’insinua en moi, me glaçant petit à petit. Je n’avais cependant aucune   raison   valable de m’inquiét

LES LOGES DU MENSONGE

Les loges du mensonge Nouvelles Bernard Gallois Editions Langlois Cécile D’abord il y a la couverture du recueil qui interpelle et pique la curiosité de tout un chacun. Un masque d’or aux yeux fuyants fait tomber le masque gris de la vérité. Tout est déjà en filigrane. Le mensonge fait partie intégrante de nous-mêmes, que ce soit par pudeur, politesse ou dissimulation manifeste. Quelques titres évocateurs comme Le blues de la ménagère, Lotissement, Les camélias rouges sans oublier l’épilogue où les quadrilles exécutent des figures savantes sur le papier quadrillé. Bernard Gallois s’amuse à nous entraîner dans les labyrinthes du mensonge. Le plaisir à l’état pur que procure la lecture des nouvelles du recueil est absolument palpable, tangible et sans détour. Le style de l’écriture se caractérise par la richesse du vocabulaire, les demi-teintes suggérées, les mots à double voire triple sens, l’humour dans les expressions inattendues. Me sont restés en tête qu

REGAIN

Quelqu’un s’approcha de mon lit et s’exclama : -       La pauvre petite, elle a l’air bien jeune, que lui est-il arrivé ? Je voulus répondre mais aucun son ne sortit de ma bouche. Mes lèvres étaient closes et inertes. Je ne pouvais articuler aucun mot. Je n’entendis pas la réponse que fit l’autre personne. Elles s’éloignèrent en bavardant.  Cette question me trotta dans la tête, je cherchais les causes de mes blessures, de quelles violences j’avais bien pu souffrir, si c’était un accident ou bien une agression. Je ne me souvenais de rien. Mes pensées tournoyantes embrumaient mon esprit. La fatigue reprit le dessus et je me laissai aller dans un sommeil comateux.  Je me réveillai en soins intensifs, ayant subi une longue intervention. Je me sentais fatiguée et déprimée. Mon visage avait été opéré. Je souffrais de maintes contusions. D’après mes sensations, j’avais dû subir un choc frontal. On en était au balbutiement de la microchirurgie. J’étais abrutie de c