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REMINISCENCE

C'est la fête au village. J'ouvre ma fenêtre. Le son arrive jusqu'à moi. Dans la cour de l'ancienne école, tandis que je ramasse le linge gorgé de soleil, un écho indistinct me parvient..Je m'immobilise pour mieux entendre. Les fenêtres murées s'éclairent laissant entrevoir des ombres qui vont et viennent. Les cordes à linge d'aujourd'hui se détachent de leur ancrage  et font sauter les petites filles en tablier noir bordé de rouge; Elles chantent une comptine. Les tresses de leurs cheveux dansent dans leur dos. Les billes multiolores roulent aux pieds des garçons. Quand la cloche sonne, les enfants se mettent en rang en silence. Il y a des classes communes. Certaines matières sont enseignées pour tous. D'autres font l'objet d'un cours à part. Je me souviens des récitations dites ensemble avec toujours la même intonation. du cours de solfège et de l'énoncé des problèmes de baignoires et de trains. J'oublie le redoutable système
Extrait du "Moineau", recueil de nouvelles aux Editions Langlois Cécile et sur AMAZON "Eux, les adultes, les gens raisonnables, enfin les autres, ceux qui font semblant de ne pas remarquer mes contusions diverses, un œil maquillé en bleu, une lèvre boursouflée, ceux-là, les vernis, les prétentieux et les parvenus, je les méprise totalement. Leur façon de m’ignorer me prouve que je sors du lot, je suis à part, comme une plante qui a germé sans eau, sans soin particulier et qui s’octroie la première place dans le bosquet fleuri. Je dis cela mais je sais qu’on ne peut pas se comprendre. Faut pas m’en vouloir, je suis comme ça. Sombre et lumineuse, gaie et triste, silencieuse et bavarde. Lorsque je passe d’un état à l’autre, je branche ma musique et je danse. L’autre jour, je suis tombée sur un poème de Lamartine. Le lac… J’ai eu envie de plonger dans cette eau tentatrice. J’ai lu à voix haute les vers sublimes. Ça faisait une mélodie d’enfer ! La beauté de l’écrit

UN SAC de Solène Bakowski

D'abord il y a le style, percutant, imagé, sans complaisance. Les personnages vivent leur errance dans un univers clos. Il faut toucher du doigt l'horreur pour que la porte s'ouvre sur la rue, ses pavés, ses abris, ses rencontres. Les pages se tournent avec impatience tant l'auteur réussit l'exploit de nous tenir en haleine jusqu'à la fin. Ames sentibles s'abstenir. Il y a quelques scènes surréalistes. Des sentiments mêlés de stupeur et de compassion nous envahissent. Le temps n'existe plus. Encore un chapitre, puis un autre, il est tard mais pas question de s'endormir. Solène Bakowski signe un petit chef-d'oeuvre.    

UN CARROUSEL SUR LA MER Bernard DUPUIS

UN CARROUSEL SUR LA MER, DU SANG ET DES COQUELICOTS De Bernard Dupuis Aux Editions Langlois Cécile L’originalité du thème, la qualité de l’écriture, la densité des émotions ressenties, le fait que le personnage principal soit privé de la vue, tout cela nous interpelle. Le mystère entoure la dame inconnue, à la fois confidente et amoureuse, fantasme d’un homme sans regard extérieur mais combien subtil et profond tant il est vrai que l’imagination des sens est infinie. On ne peut s’empêcher d’évoquer le film « Parfum de femme » où Vittorio Gassman nous éblouit par son excellente interprétation. Au final, le roman de Bernard Dupuis frappe en plein cœur. Il incite à l’introspection et balaie d’une rafale de mots tout ce que l’être humain tente d’édifier.   Il nous est alors évident que les forteresses, les palais, les gratte-ciel, les bastides ne sont que de hauts murs stériles. Nous sommes bien en littérature. Aucun doute n’est permis. Et puis il y a Mozart. Ann

LE BOIS FLOTTE

Bonjour, Tandis que Vals danse sur les accords de la valse à mille temps, en devenant rouge de colère, rendez-vous compte, les éleveurs élèvent la voix, les agriculteurs crient au secours, la sécheresse climatique avance, Pôle Emploi embauche, les usines débauchent, sur les plages non abandonnées, coquillages et crustacés font grise mine, sous le soleil exactement, pas n'importe où, tandis que la moutarde de Dijon monte au nez de Holl ande dont le pantalon trop court remonte quand il éternue. Eh oui il ne savait pas que la moutarde pique au nez ! Alors que dire des picaillons qu'on distribue en urgence sans approfondir la situation, que dire des people qui ancrent leur yatch en baie de Cannes en rejetant leurs déchets, que dire de tout cela, je vous le demande ? Plus sérieusement, où va-t-on, car on y va, mais il manque la direction à prendre et un plan détaillé. On flotte dans une ambiance houleuse, ça tangue, le décor est planté : le bois flotté a de l'

MONDE PARFAIT

D’un pays sans douleur Je voudrais être reine D’une grande douceur Sans faire aucune peine. De ce monde en fureur Je chasserais la haine Poursuivant les meneurs Par dizaine ou centaine. D’un combat sans erreur Ici je me démène Je mettrais le bonheur Dans vos âmes incertaines. De mon pouvoir sur l’heure Je changerais la scène Je bénirais l’ardeur D'un peuple pour sa reine.

LE TEMPS IMMOBILE

Le temps s’est arrêté près d’un lac endormi, Des quelques arbrisseaux aux pins de haute taille, Aucun frémissement, nul chant de colibri, Seul mon cœur amoureux livre rude bataille. Las je me laisse choir contemplant le décor, Les sens bien aiguisés sous l’exquise lumière, Mon esprit apaisé par l’infini trésor, Je connais le bonheur, indicible prière. Les cieux pommelés, aux délicats reflets, Promettent la douceur, la tendresse sublime. Les maux sont déjà loin, disparus sans regrets, L’amour si malheureux envolé dans l’abîme. En page d’un carnet, j’écris l’émotion, De ma plume d’hier, amère et fielleuse, Pleine de cruauté, je tais la passion. Je ressens un émoi, sensation rêveuse. Le temps s’est arrêté près d’un lac endormi.

JE VIDE MON SAC

L'orage vient de gronder, la pluie tropicale s'est abattue, je me suis jetée à l'eau. Au sens figuré ! J'ai dit tout ce que je pensais, ça ne s'arrêtait pas, c'était ahurissant. J'ai vidé mon sac, Et quand je vide mon sac (au sens propre), il y en a pour un moment. Alors je prends mon temps, je fais l'inventaire, je lève les bras au ciel, je fais les cent pas, ne trouvant pas le mot parfait, celui qui résumerait tout mon charivari. Mais voilà que le trop plein s'est déversé et que les larmes, d'abord discrètes, se sont transformées en un torrent dévastateur. Mon sac est vide. Je me retrouve seule devant un tas d'arguments impuissants à satisfaire les uns et les autres. En soupirant je remplis mon sac et fais le vide dans ma tête. Qui va piano va sano !

CRASH

. Je dormais lorsque l’avion se mit à descendre sans raison. Les voyants   clignotèrent tous en même temps. Les hôtesses vérifiaient le bouclage des ceintures et rassuraient les passagers. Je pris les précautions élémentaires : mettre un oreiller devant moi et protéger ma tête par un vêtement épais. Je me servis de ma doudoune comme amortisseur. L’avion plongeait vers le solt à une vitesse vertigineuse. Le bruit était insupportable. Les gens criaient, appelaient leur mère, un groupe priait ensemble. Lors du choc, tout se disloqua dans un bruit d’enfer. La nuit était profonde. La neige recouvrait les flancs montagneux. J’ai vu un ange, auréolé de lumière, pénétrer dans la cabine de l’avion.   Il prit dans ses bras les corps inanimés et les porta à l’extérieur. Une fumée épaisse empêchait de progresser vers la sortie. Les fauteuils brisés, les compartiments arrachés empêchaient de progresser vers la sortie de la carlingue. Je tentais de lutter mais c’était peine perdue.