Sur le moment, je ne le reconnus pas. Le teint hâve, une barbe de quelques jours, un pardessus râpé, des jeans crasseux tirebouchonnant sur des bottes éculées, le cheveu hirsute, il me contemplait en souriant, un peu incertain, avec une expression presque suppliante. En une fraction de secondes, je réalisai que j'avais devant moi mon amoureux italien, surgi miraculeusement d'un passé oublié. Son accent traînant aux inflexions caressantes et chantantes et cet air mi-sérieux, mi-railleur n’appartenant qu’à lui, ce ne pouvait être que Gianfranco, perdu de vue depuis une décennie. Il ouvrit les bras et je m’y blottis en murmurant les mots tendres que nous avions l’habitude d’échanger. Nous nous embrassâmes comme avant, du temps où nous nous aimions. Puis il entra en tirant derrière lui une valise cabossée et un sac fourre-tout. Il commença par se laver abondamment en chantant à pleine voix les sérénades napolitaines dont il avait le secret. Pendant ce temps, je jetai...
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