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Affichage des articles du août 11, 2019

ARANEA

Un soir d’hiver, alors que la pluie semblait ne jamais vouloir s’arrêter, je ressentis soudain l'envie de feuilleter les albums photos de ma petite enfance.  Je me posais mentalement mille questions en tenant dans mes mains fébriles les portraits de famille du temps passé. Sur l'un des clichés jaunis, ma famille posait pour le photographe. Sans doute était-elle réunie pour célébrer une fête, un anniversaire, une naissance ou bien l'acquisition de l'immeuble se situant au 19 de l'avenue Junot. Le quartier assez populaire   à l'époque, s'était petit à petit embourgeoisé. Les loyers avaient triplé. Montmartre regorgeait de touristes. Les vendanges de la Butte avaient encore le soutien des petites gens fidèles à cette tradition. La bonne question était régulièrement posée : cela en valait-il la peine ? Assurément, répondait la majorité des habitants du quartier. Au cœur de l’immeuble, il y avait l’arbre. Celui de mon enfance, à l’ombre duquel je jouais à

LE SAMOVAR

Autour de moi s’alanguissaient quelques femmes oisives, seulement préoccupées de leur toilette et du bridge de fin d’après-midi. Ma mère, de nature exubérante, riait très fort en renversant la gorge et faisait des mines derrière son éventail. Ses bracelets dansaient sur ses avant-bras. Ces dames formaient une petite communauté féminine composée de membres issus du même milieu social. Cela aurait été très mal vu de fréquenter en dessous de sa condition. Aussi les cercles amicaux étaient-ils très fermés. Ce n’était que bavardages, médisances et rivalités de train de vie. On n’avait de cesse d’exhiber la robe dernier cri ou le chapeau tendance. Lors de ces après-midi moites et intimes, je me livrais à une observation méticuleuse du comportement des joueuses. Elles complotaient à qui mieux mieux contre l’équipe adverse et s’acharnaient à gagner la partie comme si l’enjeu était d’une importance capitale. Elles avaient convenu depuis l’origine que les perdantes offriraient l’

DUNES NOIRES

La route étroite et longue traversait le pays des dunes. Les dunes noires... Je m'étais toujours demandé pour quelle raison ces monts de sable doré avaient pris ce nom. Lorsque le soleil brillait dans un ciel vierge de tout nuage, les pentes douces se paraient de pierres précieuses et renvoyaient les rayons solaires avec mille reflets chatoyants. Mon regard se perdit très loin, là où l'azur rejoint la mer en une courbe parfaite. Mes pensées vagabondaient en toute liberté. La mer aux liserés d'écume blanche, s'échouait sur le sable lisse en soupirant inlassablement. Je m'interrogeais sur le sort immuable de l'humanité. Nous venons au monde, nous grandissons puis vieillissons et enfin nous mourons. Une fois encore, je tentais de trouver un sens à tout cela. J'avais beau retourner le problème de tous les côtés, aucune issue de secours ne se mit à clignoter. Je baignais dans une sorte de torpeur mélancolique. Je franchis un portillon au pied d'une dune