Je
dois dire qu’en ouvrant ce recueil joliment illustré, je ne m’attendais pas à
cette impression d’osmose parfaite avec le texte. Les mots, la façon de les harmoniser,
les descriptions, les thèmes aussi différents que possible, toute cette musique
dont l’écho ravit le lecteur, forment ensemble un patchwork talentueux et, me
concernant, la révélation d’un style d’écriture qui m’est proche.
«…Elle
était catalane. Son visage avait volé le soleil. Sa peau avait volé les
couleurs et le parfum de l’abricot, s’en était barbouillée de taches de
rousseur. J’avais aussitôt jalousé le vent descendu avec elle de la montagne.
Il glissait les doigts sur sa nuque, dans l’or cuivré de ses cheveux. A ce
salaud elle promettait tout, la caresse des épaules dorées, les incursions dans
les plis du corsage de coton blanc, l’engouffrement sous la jupe à volants
jaunes. Et pour que le vent fasse si bien les choses, ces deux-là devaient se
connaître depuis très longtemps.»
«…Me
croyant d’ici, elle avait commencé à me parler catalan. Je n’y comprenais rien
mais j’entendais le roulé des galets au creux des torrents, le souffle du
martinet frôlant les falaises, le chant mouillé de la source et le soleil. Le soleil surtout. Il grésillait sur les
cordes vocales, s’enrouait dans les aigus. C’était un danseur infatigable.»
Voilà
pour le style. Maintenant, s’agissant des thèmes, l’auteur aborde tous les
sujets, que ce soit les phobies, la vie, la mort, l’amour, tout ce qui rend la
vie si précieuse et unique. « Lettre à mon inconnu » évoque Stefan Zweig avec «
Lettre d’une inconnue » et le pari est réussi. A citer également, « Fait comme
un rat », un parcours du combattant à la limite du supportable, « Le canard de
Barbarie », « l’appel du goéland ».
Tout,
dans ce recueil, donne à penser que l’auteur observe la nature d’un œil
extrêmement attentif, avec une sensibilité rare et une retenue pudique. Au-delà
des mots, on perçoit la souffrance, le désamour, l’impitoyable sort funeste de
chaque être humain et l’émerveillement devant la beauté naturelle des paysages
qui nous entourent et que notre société
de consommation détruit sans vergogne.
«
La passagère du soleil » est sans conteste le recueil de nouvelles qu’il faut
lire et relire, sans modération.
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