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VOUS DORMEZ LA NUIT ?

Rien ne nous dit que cette nuit sera pleine de songes métaphoriques, de rêves prémonitoires ou de cauchemars haletants. Seraient-ce la pleine lune qui joue avec nos nerfs, la lune rousse qui rend fou, la lune noire qu'il faut fuir pour éviter le mauvais oeil ?  Oui mais comment savoir si le sommeil va s'emparer de nous en lisant Kafka dans ses métamorphoses ou Zweig dans sa lettre à une inconnue. Les lignes se mettent à danser, les yeux se ferment, le livre choit en douceur sur la couette ... La réalité s'efface insensiblement pour laisser place au rêve.

Les noctambules le savent bien qui vont se coucher quand d'autres se lèvent pour aller travailler.
Combien de mots, de vers et de rimes ont sombré dans la nuit sans jamais refaire surface. Personne ne pense aux mots dont le naufrage est irréparable.

Pourtant la nuit et le jour ont fait un pacte, ils se suivent inexorablement sans que ce cycle ne s'interrompe. Le mystère de l'existence de la terre et des hommes demeure. On évoque encore aujourd'hui le big bang. Comment être sûr que la naissance de la planète ait été consécutive ç ce phénomène ? Personne ne peut en être certain. les autres systèmes solaires sont-ils déshumanisés ou bien, au contraire, une civilisation étrange a vu le jour spontanément.

Il y a eu dans les années 1950 une véritable psychose au sujet des extra-terrestres. Le cinéma s'en est mêlé, les petits hommes verts quittaient Mars pour envahir la Terre. On se souvient de la Guerre des Mondes, les Soucoupes Volantes attaquent, thème récemment repris par Tim Burton avec son film Mars Attak's. A cette époque il y avait une série américaine intitulée The Invaders dans laquelle David Vincent, le héros, poursuivait, avec toute l'intensité de son regard bleu acier, son enquête sur l'infiltration d'extra-terrestres à l'auriculaire rigide.

La littérature de science-fiction n'était pas en reste : fin du monde et envahisseurs, les sujets variaient au gré de l'imagination fertile de ses créateurs. J'ai moi-même écrit "L'émissaire" sur ce thème en mélangeant les époques et les lieux. L'humour est au rendez-vous. Recueil "Les faux semblants"
En voici un extrait. Bonne lecture.


 L'EMISSAIRE

Il est vingt heures, je m’apprête à baisser le rideau. Je remets le CD au début. C’est toujours le       même morceau, une sorte de mélopée envoûtante, la musique du film « Bagdad Café ». J’en suis dingue ! Mon prénom, c’est Brad. Et devinez quoi, mon nom c’est Pittsburg, comme la ville. En fait, tout le monde m’appelle Brad Pitt ! Je suis une petite célébrité mais rien de comparable avec l’acteur de cinéma.
Je fais ma caisse. Une caisse de station-service de troisième zone. Je compte un à un mes billets. Un courant d’air chaud me brûle le dos. La clim est partie à  la casse. Faut vous dire qu’ici, c’est le désert de Mojave en Californie. On appelle l’endroit « Little Pittsburg ». Il y a juste un panneau pour indiquer la route. On ne peut pas se tromper. La ville la plus proche est Palmdale. J’y vais pour le ravitaillement une fois par mois. Je refais mon stock. Des conneries comme des porte-clefs Schtroumpf, des billes serrées dans un filet, des boites de gâteaux secs,  des balles de ping-pong mais j’ai jamais trouvé les raquettes.  Et enfin le top du top, la pompe à essence à l’ancienne. Je n’ai que du super. Les clients veulent tous du sans-plomb mais comme il n’y a rien à des kilomètres, ils finissent par remplir leur réservoir.
Pour en revenir à nos moutons - pas ceux qu’on compte et recompte la nuit pour s’endormir, mais bon, à force de jouer à saute-mouton, on perd le fil, alors on recommence et les heures défilent - je suis une fois de plus face à ma maigre recette : 50 dollars en tout et pour tout. Avec ça, je n’irai pas loin ! Juste à ce moment, j’entends la voiture de Jessica. Elle vient passer la soirée en ma compagnie. J’avais complètement zappé.
J’envisage la fermeture lorsqu’un drôle de type se pointe, sorti de nulle part.  Il veut des chamallows,  J’ai bien des bonbons mais ils sont à l’eucalyptus. C’est pour avoir un bon résultat pour l’alcootest, Il parait que ça marche. C’est dégueulasse, cette plante pisse-mémère, faut vite boire un bon coup pour enlever le mauvais goût. Ouais, à condition d’avoir soufflé dans le ballon avant ! Donc ça  ne sert à rien.
Le type aux chamallows reste planté là, droit comme un i, l’air absent. Il ne ressemble à rien, impersonnel, raide comme la justice. Je lui répète que je n’en vends pas, aucun espoir d’en trouver dans ce foutu bled ! J’ai seulement des bonbons ordinaires pour des gens ordinaires. Il furette partout, ça m’exaspère. Jessica commence à s’impatienter. (…)"



Vous aimez les chamallows ?






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