Je la regarde. Elle me sourit. Sa plume court sur le papier, vive, grinçante, intarissable. Dans l’immense cheminée crépite une belle flambée. Dehors, le vent souffle. Les feuilles mortes dansent d’une manière imprévisible. A l’abri des murailles épaisses du château, je jouis d’un grand prestige. Ma vanité égocentrique naturelle me porte à croire que c’est mérité. Après tout qui refuserait d’être bien considéré ? Je suis la plupart du temps détendu et serein. Je pense surtout à moi. Jusque-là tout va bien. Lorsque je m’intéresse un tant soit peu aux autres, ce que je constate me rend perplexe. Autour de moi, on s’agite, on complote, on intrigue… Je reste farouchement dans l’ombre, poursuivant mon chemin. Cependant, malgré ma neutralité, rien ne m’échappe. Ni les troussages des servantes par M. le Comte sous le nez de la Comtesse, être rare, dont l’âme est si douce, mélancolique … Je m’intéresse aussi aux amours secrètes de Mlle Hortense, la fille ainée. Je l’entends parfois
Poèmes, nouvelles, romans, billets d'humeur, BLOGANNE s'intéresse à tout.