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L'ISOLOIR

Hier, le village montrait une activité dominicale inhabituelle. Pour un martien, curieuse observation d'un rite étrange ! Saluer, faire la queue, prendre des papiers, prendre une enveloppe, se souvenir de son nom, le donner, puis, à pas comptés, guetter les pieds dépassant de rideaux pas affriolants. Ensuite, pénétrer dans un réduit malodorant. Refermer le rideau. Jouer à qui perd gagne avec les papiers. Au recto figure un nom. C'est un nom parfois connu. C'est un choix à  faire en dépit de ses propres doutes; On jette son dévolu sur le papier retenu, mais il faut du temps pour se décider. Sans compter avec les courants d'air qui s'en prennent aux papiers lesquels s'envolent. Se retrouver ensuite à quatre pattes pour récupérer les papiers envolés. Le réduit est occupé, celui d'à côté aussi. Attendre. Se précipiter. Mettre dans l'enveloppe. Refaire la queue. Repérer l'urne et ne pas laisser les doigts dedans. Attendre le feu vert pour y mettre l'enveloppe. Puis écrire son nom sur le registre. Saluer...

En définitive, le rapport martien témoigne de cette bizarre habitude de dire oui ou non, non ou oui, de dire blanc, en quelque sorte de pratiquer la politique de l'autruche. Car sur Mars les autruches sont légion. Elles sont là pour remplacer tout ce beau monde élu pour se faire plaisir et se balader en promettant la lune. Sur Mars on dit : La terre et la lune se tournent autour et se font des grimaces. Pourtant que de rêves merveilleux sur les petits hommes verts que nous ne sommes pas ! L'humanité n'a pas son pareil pour se compliquer la vie. L'essentiel est en nous. Mais pour cela il faut atteindre un certain niveau

Gageons que viendra le jour où la révélation de l'inutilité des choses sera évidente partout et pour tous.


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HYPNOSE

Prix Paul Verlaine Juin 2011 Dort mon jardin secret, la mémoire encor vive,    Un souffle me conduit, je remonte le temps, Lors de mes jeunes ans, en saison de printemps, Je flâne près de l’eau, en restant sur la rive, Un orage survient, je me sens si craintive, Mon cœur se fait tambour, chamade en contretemps, Je chute dans le lac, étrange passe-temps, Un quidam maussade déambule en coursive. Je me noie en ces eaux, fatales inerties, L’image du bonheur s’imprime en facéties, Frôlement du néant troublé par maints appels, Sauveur de nulle part, ange tant bienvenu, L’homme s’en est allé, demeurant inconnu, Parfois certaines nuits, je rêve aux archipels. Anne STIEN    

LE BONHEUR DU JOUR

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LA PREUVE DU CONTRAIRE

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