Accéder au contenu principal

PROMENADE SENTIMENTALE





 La brume s’évapore sous les premiers rayons du soleil, laissant apparaître les contreforts des massifs montagneux, immuables et majestueux. Ils offrent au regard la splendeur de leurs sommets où scintillent des traces de neiges éternelles. Le bleu infini du ciel épouse les vertes vallées. Les torrents cascadent avec de frais murmures. Au loin, sonnent les cloches d’une église.


Je m'en retourne sur les chemins de mon enfance, en proie à la mélancolie. Mes pensées vont vers les êtres que j'aimais et qui ont disparu. Le rire perlé de la petite bergère lorsque je bondissais d'un taillis, pour lui faire peur, résonne encore à mes oreilles. Un troupeau de moutons rentre au bercail. Mais ce doit être son fils qui ramène les bêtes. Où sont Mariette et Ludivine, mes confidentes, auxquelles je vouais un attachement profond, à tel point que les villageois nous croyaient fiancés ? Que sont devenus les gars de la montagne, ceux qui partaient en expédition vers les pics inaccessibles ? Leur retour n'était pas toujours victorieux. Combien d'entre eux sont emmurés dans la glace, intacts, leurs yeux éblouis par la blancheur de leur linceul ? Le paysage prend des allures funèbres.

Bientôt le crépuscule étendra son voile de satin. Le chemin est boueux et mes bottes s'y enfoncent. Une bonne odeur de pain chaud mêlée à celle du foin et des herbes sauvages monte jusqu'à moi. Dans la vallée, les lumières s'allument une à une. Je pousse la lourde porte cochère. Si ma mère apparaissait à l'entrée de la cuisine, je n'en serais pas surpris. Lorsque j'étais enfant, elle m'ouvrait ses bras et je restais un instant blotti contre elle. A présent, l'herbe pousse entre les pavés disjoints, le toit est prêt à s'écrouler, les murs sont lézardés.


Le silence règne, un silence profond, seulement troublé par les assauts du vent, emportant avec lui les bribes de mes souvenirs. 

Extrait du recueil "l'Echelle des jours" aux Editions Plumes d'Ocris




 




 



 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Présentation recueil REVES D'AILLEURS

Dans ce recueil, l’auteure, Anne Stien, aborde tous les thèmes. L’amour, la passion, la haine, la violence mais aussi la vie en ce qu’elle a de plus précieux, loin des artifices et des bassesses. Tout est dit quand s’expriment l’émotion, la tendresse, l’émerveillement devant la splendeur de la nature, son éphémère beauté, tout au long des saisons.  Ainsi, s’agissant d’un poème intitulé « Le pays de Thelle », on peut lire : « Les sentiers en sous-bois inclinant aux soupirs Offrent aux promeneurs des  virées buissonnières. Dans les petits jardins frémissant au zéphyr, Les amours éclosent, fleurs aux boutonnières ». Quelques textes poétiques viennent clore ce recueil paru aux Editions Langlois Cécile sous le numéro ISBN 979-10-93510-04-0 au prix de 13 €.  http://www.editionslangloiscecile.fr

HYPNOSE

Prix Paul Verlaine Juin 2011 Dort mon jardin secret, la mémoire encor vive,    Un souffle me conduit, je remonte le temps, Lors de mes jeunes ans, en saison de printemps, Je flâne près de l’eau, en restant sur la rive, Un orage survient, je me sens si craintive, Mon cœur se fait tambour, chamade en contretemps, Je chute dans le lac, étrange passe-temps, Un quidam maussade déambule en coursive. Je me noie en ces eaux, fatales inerties, L’image du bonheur s’imprime en facéties, Frôlement du néant troublé par maints appels, Sauveur de nulle part, ange tant bienvenu, L’homme s’en est allé, demeurant inconnu, Parfois certaines nuits, je rêve aux archipels. Anne STIEN    

LE PAYS DE THELLE

Les vertes collines demeurent souvenir Fécondes et riches de coutumes fières Maintes branches fleuries, entêtant élixir, Ornent certains chemins aux talus de bruyères Les sentiers en sous-bois inclinant au soupir Offrent au promeneur des virées buissonnières Dans les petits jardins frémissant au zéphyr Les amours éclosent, fleurs aux boutonnières Les lacets des coteaux avivent le désir A Gaïa de s’unir sans regret ni œillères Jusqu’à la fin des temps nimbés de plaisir Ces folles errances par l’intime loisir Enrichissent l’âme perdue en ses prières Belle plénitude d’un serment sans faillir