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LE MUR




Le dernier barreau de l’échelle est encore loin… Je gravis un à un l’escalier en bas des nuages. Pourquoi, par quel entêtement, quel aveuglement suis-je partie dans ce défi ? Je me suis perdue de nombreuses fois, j’ai retrouvé une trace ancienne pour me guider, au-delà des racines, celles de mes aïeux. Je m’élève lentement au-dessus de la mêlée humaine, empêtrée dans les instincts primaires, au prix d’un effort colossal, le regard fixé sur le faite du mur aux fondements terrestres.

Encore un échelon, dans ma spiritualité, un infime pas en avant, vers ce qu’on désigne comme étant la sérénité. Je disparais peu à peu dans le brouillard nuageux qui m’entoure sans possibilité de redescendre au niveau des humains. Ils se battent encore aujourd’hui pour un lopin de terre, pour leur dieu, par faiblesse, pour dominer les peuples, par avidité et pour exercer un pouvoir trompeur.

Ici, je n’entends pas la rumeur des combats, je ne respire pas  l’odeur des batailles, la fumée des incendies, les relents putrides des charniers. Je ne ressens plus la douleur, ni l’inquiétude, l’angoisse m’a quittée, et la faim ne me dérange plus. De mon corps allégé, je ne sens plus le poids.

Je grimpe toujours plus haut dans les brises édéniques, celles des paradis rêvés, aux intimes nostalgies, sans m’étonner de ne trouver que le néant, magnifique et grandiose.

Je me suis perdue dans la brume d’un nuage.


                                                                               Anne Stien
                                                                               14112014

                                                                              

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