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LE TEMPS IMMOBILE



Le temps s’est arrêté près d’un lac endormi,
Des quelques arbrisseaux aux pins de haute taille,
Aucun frémissement, nul chant de colibri,
Seul mon cœur amoureux livre rude bataille.

Las je me laisse choir contemplant le décor,
Les sens bien aiguisés sous l’exquise lumière,
Mon esprit apaisé par l’infini trésor,
Je connais le bonheur, indicible prière.

Les cieux pommelés, aux délicats reflets,
Promettent la douceur, la tendresse sublime.
Les maux sont déjà loin, disparus sans regrets,
L’amour si malheureux envolé dans l’abîme.

En page d’un carnet, j’écris l’émotion,
De ma plume d’hier, amère et fielleuse,
Pleine de cruauté, je tais la passion.
Je ressens un émoi, sensation rêveuse.

Le temps s’est arrêté près d’un lac endormi.

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