Je m'appelle Louise. Lui, c'est Antony...
Quand mes yeux se perdent dans les siens, je retrouve le lien indestructible qui nous unit. Son regard est profond, insondable. Je perçois une lueur d'inquiétude tandis que sa main se pose sur la vitre qui nous sépare. Je place mes doigts sur le verre embué. Bien que je sois du bon côté, je ressens sa culpabilité. Je suppose que ce sentiment l'obsède. A voir sa mine de papier mâché, il ne doit pas dormir souvent et ses rêves ont tout l'air d'être des cauchemars. Je suis là, tout près de lui, mais je ne sens pas son odeur ni son parfum. J'ai oublié. Le silence entre nous se prolonge, riche de nos émotions.
Flash back sur le 13 Juillet dernier. A minuit, le feu d'artifice s'était emparé du ciel pour éclater en grappes de lumière. La foule s'était massée sur la place. C'est alors que mon regard s'était posé pour la première fois sur Antony. J'avais longuement observé son manège, intriguée par sa démarche louvoyante. Aucun doute, il était en train de faire les poches des badauds. Fascinée par sa dextérité, je m'étais rapprochée de lui, offrant une cible parfaite avec mon sac en bandoulière entrouvert où gisaient, dans un désordre ahurissant, les quelques babioles dont je ne me séparais jamais.
_ Au nom de la loi, je vous arrête ! lui avais-je clamé à l'oreille.
Il s'était pétrifié un quart de seconde avant d'éclater de rire. Légèrement dépitée, j'avais consenti à passer la soirée en sa compagnie, histoire de faire plus ample connaissance. Tel qu'il était, il me plaisait. J'avais tout de suite eu envie de l'avoir dans mon lit, ni plus ni moins.
Retour à la réalité, plongeon en eaux profondes, je remonte à la surface. Nous sommes face à face. Juste le temps de se dévisager, d'échanger quelques mots, de s'assurer que l'autre va bien. Il faut alors s'en aller, sans se retourner, dos à dos, chacun avec ses pensées. Déjà loin, je précipite le mouvement. Au volant de ma voiture dernier cri, je rejoins la capitale où m'attendent mes collaborateurs. L'agence spécialisée en organisation d'événements que je dirige ne cesse de se développer. Je ne m'en plains pas. De ce fait, rares sont les bons moments que je peux m'accorder.
Pour autant, rien ne me fera changer mon fusil d'épaule. Là, je fais allusion à mon attachement envers Antony. C'est ma façon à moi de me racheter. Car la coupable, c'est moi. L'accusatrice, c'est encore moi. Et lui, l'angélique Antony, s'est fait coffrer à ma place. Que de sornettes j'ai pu lui balancer ! Il y a cru, revenant sans cesse sur les avantages en cash qu'il percevrait après quelques mois d'incarcération. Pauvre de lui, peuchère ! Mais voici que mes racines marseillaises refont surface. Ce n'est pas le moment de se laisser aller. La pègre de ce midi tant vanté, tant récrié, tant renié, a fini par ressembler aux politiciens véreux à tel point que les réseaux sont devenus un incroyable méli-mélo de gangsters aux apparences respectables.
Cela étant, la vie m'a donné de sacrées leçons. En tout point, tout honneur.
Anne Stien
20/04/2018
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